Journal et feuille d'avis du Vallais,
04 juillet 1914, Sion
Le transport des corps et les
funérailles
Trieste, 3. - Le transport des
dépouilles mortelles de l'archiduc et de son épouse depuis le
cuirassé « Viribus Unitis » jusqu'à terre et de là
jusqu'à la gare des chemins de fer du sud, a pris le caractère
d'une imposante manifestation de douleur et d'indignation, à
laquelle ont participé toutes les classes de la population.
Sur la rive San-Carlo, on avait gardé
libre un vaste emplacement au milieu duquel se dressaient deux
catafalques drapés d'or et de noir. A gauche de ces catafalques, se
tenaient les autorités militaires et navales et le corps des
officiers avec l'amiral Haus à leur tête. A droite se trouvaient le
gouverneur, M. de Hohenlohe, avec les autorités civiles. Sur les
deux côtés de la rive San-Carlo se tenaient d'innombrables
délégations d'associations amicales commerciales, industrielles,
financières, de navigation. derrière le catafalque tout le clergé
des autres religions représentées à Trieste, ayant à leur tête
les évêques de Triste (sic) NN. SS. Pederzolli et Karlin. Derrière
eux venait une compagnie d'honneur, fournie par la marine;
toute la place était encadrée d'étudiants et d'élèves des
écoles.
Peu après 7 heure et demie, les
cercueils, enveloppés de l'étendard de guerre, ont été amenés du
cuirassé sur un bateau plat drapé de noir remorqué par un aviso
qui s'est mis en marche vers le rivage au milieu des salves
d'artillerie tirées par les navires de guerre et des sonneries des
cloches.
Des sous-officiers de marine
débarquèrent à terre les deux cercueils, au milieu d'un profond
silence et les mirent sur le catafalque. La compagnie d'honneur et
les autres troupes présentèrent les armes ; de nouvelles
salves furent tirées, puis l'évêque Karlin procéda à la
bénédiction funèbre.
A 8 h., tandis que sonnaient les
cloches, les cercueils ont été transportés à terre et mis sur les
catafalques. Il fut procédé ensuite à la bénédiction des corps,
qui furent placés sur deux voitures de gala. Le convoi funèbre
était précédé de nombreuses voitures contenant des fleurs. Le
public, tête découverte, formait une haie épaisse.
Les réverbères, voilés de crêpe,
étaient allumes, ainsi que les devantures des magasins. Le cortège
arriva à 9 h à la gare du sud, également voilée de noir. Les
cercueils furent portés par des officier de marine dans un fourgon
transformé en chapelle ardente.
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