domenica 19 aprile 2009

trieste - Le bilinguisme est bon pour les bébés

Mathieu Perreault La Presse
Dès l'âge de 7 mois, les bébés tirent avantage d'avoir une famille bilingue, selon une nouvelle étude italienne. Leurs capacités cognitives sont meilleures que ceux dont les parents parlent la même langue.
«Le bilinguisme améliore la performance cognitive bien avant l'apparition du langage», affirme Jacques Mehler, neuropsychologue à l'École internationale supérieure d'études avancées de Trieste, qui est l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. «Le bébé peut classer différentes langues qu'il entend souvent, sans même comprendre ce que c'est que le langage.»
L'étude de M. Mehler portait sur 40 bébés, dont la moitié avaient des parents qui ne leur parlaient pas la même langue. Les bébés étaient assis devant un écran. On leur faisait entendre un son, puis une image apparaissait sur la gauche de l'écran. Au bout d'un moment, l'image n'apparaissait plus à gauche, mais à droite.
Tous les bébés s'habituaient rapidement à regarder à gauche de l'écran quand ils entendaient le son. Ils parvenaient à anticiper que l'image suivrait le son. Mais les bébés de familles bilingues s'adaptaient plus rapidement au changement, quand l'image n'apparaissait plus à gauche, mais à droite. Les bébés de parents bilingues entendaient les deux langues depuis la naissance. Ils entendaient l'italien et le slovène, deux langues «complètement différentes», selon M. Mehler.
Les neuropsychologues italiens ont fait cette étude dans le cadre d'un débat sur l'impact du bilinguisme en bas âge. «Certains chercheurs pensent que cela nuit à l'acquisition du langage, parce que l'enfant ne maîtrise bien aucune des deux langues, dit M. Mehler. Nos résultats montrent que le bilinguisme permet d'améliorer les fonctions exécutives, qui permettent de décider quelles actions on doit faire. Il est possible que plus tard, ces enfants en viennent à s'appuyer davantage sur les fonctions exécutives. Cela n'est pas nécessairement un avantage, mais ce n'est certainement pas un désavantage.» Les chercheurs de Trieste veulent maintenant voir si ces fonctions exécutives améliorées peuvent être transférées à d'autres décisions que le langage.
L'équipe de M. Mehler a eu l'idée de cette étude en prenant connaissance d'autres études sur le bilinguisme. L'une de ces études montrait que des nouveau-nés sont capables de distinguer entre des langues de «classes rythmiques différentes» - le français est dans la même classe que les autres langues latines et le grec, tandis que l'anglais est dans la même classe que le polonais, entre autres. Une autre étude montrait que les bébés de 4 mois étaient capables de distinguer leur langue maternelle d'autres langues.
«Nous nous sommes demandé comment les bébés de parents bilingues distinguaient entre leurs deux langues maternelles, dit M. Mehler. Des études canadiennes ont montré que les enfants bilingues de 4 ans ont recours aux fonctions exécutives, et avaient fait l'hypothèse que ces enfants bloquent la langue qu'ils ne sont pas en train de parler. Nos résultats laissent plutôt penser que l'intervention des fonctions exécutives survient encore plus tôt dans le processus de compréhension, dans la classification de la langue.»
L'idée que les bénéfices du bilinguisme dépassent les simples capacités langagières n'est pas nouvelle, note M. Mehler. Au début de l'étude, il cite l'écrivain argentin Borges: «Quand je parlais à ma grand-mère paternelle, je devais parler d'une manière qui, je l'ai découvert plus tard, s'appelait l'anglais, et quand je parlais à ma mère ou à ses parents, je devais parler une langue qui, par la suite, s'est révélée être l'espagnol.»
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